Fils de François-Régis BOULE, apprenti doreur et de Justine-Caroline GUERAUD, Marcellin BOULE nait le 1er janvier 1861 à Montsalvy.
L'enfant grandit dans un bourg animé par ses nombreuses foires. Lucie COLOMB, une cousine de sa mère, observant l’intelligence et la curiosité de Marcellin, encourage ses parents à l’envoyer poursuivre ses études à Aurillac.
C'est dans cette ville qu'Il rencontre le pharmacien aurillacois Jean-Baptiste RAMES, géologue amateur qui l'emmène en excursion et lui donne le goût de la nature.
Jean Baptiste Rames connaît le directeur de l’institution Saint Louis à Nevers qui promet que Marcellin pourra préparer son baccalauréat classique tout en étant rémunéré comme maître d’études.
A Nevers, les choses ne se passent pas comme prévu : le directeur Rigal surcharge le jeune étudiant de travail. Cependant, Marcellin Boule est reçu bachelier à Clermont-Ferrand en 1880 et part apprendre la médecine à Toulouse. Là, il rencontre Emile CARTAILHAC auprès duquel il reçoit une méthode scientifique pour l’étude des fossiles. C’est à cette époque que naît sa vocation de paléontologue.
En 1881, il débute comme conférencier. Ses professeurs, enthousiastes, l'intègrent à des groupes scientifiques. Il devient boursier, ce qui soulage pécuniairement ses parents.
Après avoir obtenu deux licences ès-sciences physiques et ès-sciences naturelles, Marcellin prépare l’agrégation. Son père n’aura pas la chance de voir le succès de son fils car il meurt en avril 1886.
Titulaire d'une bourse d’agrégation, Marcellin Boule se rend à Paris, au Collège de France où il est présenté à Albert GAUDRY, professeur au Muséum d’histoire naturelle.
L'année suivante, en 1887, à l'âge de 26 ans, il est reçu premier à l’agrégation ce qui lui permet de choisir la chaire de son choix dans n’importe quel lycée en France. Gaudry lui conseille de ne pas se laisser tenter par le mirage de cette offre et le charge de préparer un mémoire qui sera la première publication importante de Marcellin Boule « Essai de Paléontologie stratigraphique de l’Homme ».
En 1889, Marcellin fait un stage à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand où il est chargé de cours à l’université. De là, il se rend régulièrement en Haute-Loire en vue de préparer sa thèse de Doctorat qu’il soutiendra trois ans plus tard sur « la description géologique du Velay ». De retour à Paris, il refuse toutes les offres, même la chaire de paléontologie de la faculté de Montpellier, très enviée à l’époque, préférant retrouver Gaudry et travailler à ses côtés à la chaire de paléontologie au Muséum.
Il est alors chargé de réaliser la galerie de paléontologie au Muséum. En reconnaissance pour ce travail, Marcellin Boule reçoit en 1898 la croix de Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur. Cette nouvelle galerie rencontre un grand succès auprès du public, particulièrement à l'occasion de l’Exposition Universelle de Paris en 1900.
Savant désormais reconnu, Marcellin Boule succède à Albert GAUDRY à la chaire de paléontologie de Paris en 1903.
Un jour, un riche industriel américain offre un moulage de diplodocus à Armand FALLIERES, élu Président de la République en 1906 ; Marcellin Boule est chargé d'installer cet impressionnant cadeau dans la galerie du Muséum.
Lors de l’inauguration, Georges CLEMENCEAU, Président du Conseil, est captivé par l'intervention de Marcellin Boule. Il demande la possibilité de revenir l'écouter ; le savant accepte sans trop y croire. Or, 3 ou 4 jours plus tard, CLEMENCEAU revient et assiste à quelques cours du paléontologue. Une amitié naît entre les deux hommes.
Entre 1900 et la guerre de 1914, la France connaît une période riche dans le développement de la paléontologie humaine et de la préhistoire.
Marcellin Boule part régulièrement sur le terrain pour participer à des fouilles.
Un jour, une caisse lui est expédiée de la Corrèze par des prêtres, les frères Bouyssonie : elle est pleine d’ossements trouvés par eux à la Chapelle-aux-Saints. Il les étudie et reconstitue un squelette extraordinaire, vieux de 60 000 ans environ, qui va constituer un des chaînons les plus importants de l’évolution de l’humanité et aboutit quelques années plus tard à la publication de son œuvre "Les Hommes fossiles".
Le Prince Albert 1er de Monaco, surnommé « Le Prince savant », appelle Marcellin Boule pour diriger des fouilles dans les grottes de Grimaldi, à la frontière italienne.
Le prince apprécie les travaux de Boule et se prend d’amitié pour lui. Il lui parle de l’intérêt de construire un centre consacré aux études de paléontologie humaine.
Après avoir inauguré le Musée Océanographique de Monaco (29 mars 1910) et l’Institut Océanographique de Paris (23 janvier 1911), Albert 1er charge Marcellin Boule d’organiser l’Institut de Paléontologie Humaine. L’abbé Henri Breuil participe à la conception du projet scientifique.
La première guerre mondiale (1914-1918) retarde l'inauguration de cet institut au 23 décembre 1920. Marcellin Boule en devient le premier directeur.
Par ailleurs, Marcellin Boule n’a pas oublié son origine populaire. Toute sa vie, il s’attache à vulgariser et à diffuser la connaissance. Ainsi, il participe à la littérature touristique et son premier ouvrage, publié en 1898, est consacré au département du Cantal, « un des pays les plus intéressants et les plus pittoresques de notre France si belle et si variée ». De même, il écrit des manuels scolaires à l’usage des écoles primaires et des collèges.
Attaché à sa commune natale de Montsalvy, Marcellin vient y passer, chaque année, quelques jours de vacances.
Dans plusieurs domaines, son influence est réelle mais ses initiatives ne sont pas toujours appréciées des élus locaux.
Titulaire d'un poste au service de la carte géologique qui traite notamment des problèmes d’adduction d’eau et des translations de cimetière, il facilite l’adduction d’eau potable de la ville d'Aurillac et du village de Montsalvy, contribuant ainsi à la baisse des épidémies dues à des sources polluées.
Sous son influence, l’église paroissiale en état de délabrement est classée au titre des Monuments historiques.
Au décès de sa cousine Lucie Colomb le 22 novembre 1919, il hérite à 59 ans d’un enclos dans son village natal.
Marcellin Boule vit avec Marie ROINET depuis quelques années et l’épouse le 28 décembre 1922 à Saint-Mandé (Val de Marne).
Durant ses vacances à Montsalvy, il rencontre un jour une jeune « peintresse » de 17 ans, Jacqueline DEMOLY avec laquelle il se lie d’amitié.
Sa femme Marie tombe malade et meurt en 1926.
Au cours de son veuvage, le savant fait appel à Madame DEMOLY pour faire office de gouvernante et emploie Jacqueline, sa fille, comme chauffeur. Bien plus tard, il prend celle-ci pour épouse, d'autant qu'il a eu avec elle une petite fille, Pierrette, qui sera le grand bonheur de ses dernières années.
Au cours de sa carrière, le savant Marcellin Boule reçoit de nombreuses récompenses et médailles.
Au moment de quitter sa chaire de paléontologie, ses collaborateurs ouvrent une souscription afin de lui offrir une médaille commémorative en bronze. Ainsi, le 27 mai 1937 a lieu le jubilé scientifique de Marcellin Boule à l’Institut de paléontologie humaine en présence de nombreux scientifiques, intellectuels, confrères et amis.
Trois mois plus tard, Marcellin BOULE est fêté dans son village natal. Le 12 septembre 1937, la rue Marcellin Boule et l’Avenue Lucie Colomb sont inaugurés à Montsalvy.
L'été 1939, Marcellin et Jacqueline BOULE reviennent en Auvergne pour leurs vacances d’été ; ils n’en repartiront plus. Marcellin Boule décède dans sa maison de Montsalvy le 4 juillet 1942.
Edouard Bouyé, Bernard Coste, Nicole Vatin-Pérignon, "Marcellin Boule (1861-1942) De Montsalvy aux hommes fossiles", Photothèque et archives cantaliennes - Gens du Veinazès - 2010.
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