Construit au 14e siècle en parallèle de l’église paroissiale, le réfectoire des moines est une belle et grande salle qui fermait, au midi, le cloître de l’abbaye de Montsalvy.
Composé d'une nef divisée en quatre travées, la voûte gothique (détruite en 1910) a été reconstituée au début des années 1990.
Au moment de la Révolution française, le réfectoire fait partie de la vente des biens "dépendant d'une corporation religieuse". Considérant qu’il s’agit du seul bâtiment pouvant convenir aux établissements publics de Montsalvy car il est "spacieux, central et solide" mais ne pouvant l’acquérir sans une autorisation particulière, la commune s’entend avec le conseiller municipal Picou qui s’en porte acquéreur.
Dès 1791, l'ancien réfectoire devient "maison commune" (mairie), maison d’école jusqu’en 1864, date à laquelle son état de délabrement est bien avancé.
En 1872-1873, d’importants travaux sont réalisés pour que le bâtiment communal appelé désormais le "couvent", devienne une halle à grains. Une grande porte est créée sur le pignon ouest, dégagé grâce à la démolition de la tour de prison.
Par économie, l'ancienne cheminée intérieure est détruite et ses pierres de taille sont réutilisées pour réaliser l’encadrement de l’ouverture. Doté maintenant de deux ouvertures distinctes, le "couvent" peut être loué en deux parties.
En 1879, l'une d'elles est louée à Lafon, un entrepreneur de roulage qui y entrepose la diligence de Montsalvy.
En 1884, l'activité de halle aux grains ayant échoué, les coffres en bois (acquis au moment de la création de cette activité) sont vendus.
C'est pourtant sous ce vocable que le réfectoire est désormais nommé.
En 1910, au regard du mauvais état de la voûte de la halle, le conseil municipal la fait démolir. La mémoire populaire raconte qu’un entrepreneur transporte cet ensemble architectural en région parisienne.
En 1912, le boulanger loue une partie du bâtiment avec "réserve d’une place destinée aux pompes funèbres", service mis en place l'année suivante. C'est l'occasion d'aménager un coin de la halle pour abriter le corbillard. Une porte est percée sur le côté sud et un abri en bois est réalisé. Pendant près de soixante dix ans, le corbillard puis un véhicule communal y seront entreposés.
La construction de cet abri pour véhicules forme désormais une estrade intérieure qui sera utilisée pour de nombreuses manifestations. En 1922 s'y déroulent les premières séances de cinéma. A cette occasion, le conseil municipal décide que "les produits de la location de la halle seront versés dans la caisse de "La Montsalvyenne", société de tir, gymnastique, musique municipale qu'il convient d'encourager. Cette société a d'ailleurs pris à sa charge, le blanchissage de la halle, l'aménagement et elle vient d'organiser une "Félibrée gratuite" dont tous les habitants de Montsalvy ont pu profiter". C’est ainsi que le réfectoire devient la "salle des fêtes". Il est électrifié en 1935.
En 1942, un Inspecteur des Monuments Historiques observe que "le surplus des bâtiments [de l'ancienne abbaye] présente un intérêt certain : il est probable que sobrement dégagé, restauré et aménagé, cet ensemble architectural deviendrait intéressant, la salle capitulaire (sacristie) et le réfectoire des moines en particulier, ces bâtiments ayant conservé leur caractère primitif". Il obtient leur inscription au titre de l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
En 1947, Monsieur Jallamion loue la salle des fêtes "pour une durée assez longue" et l'aménage en salle cinématographique. Cependant, "la commune se réserve la salle pour ses besoins et ceux des sociétés régulièrement constituées à caractère non commercial". Lorsque le cinéma déménage, le bâtiment retombe dans l'oubli.
En 1967, l'Architecte en Chef des Monuments Historiques réactive le dossier en regrettant que « la ville, propriétaire, montre la plus parfaite indifférence aux efforts faits pour conserver l'ensemble d'un bourg bien groupé autour de son abbaye. Une mesure de classement sauverait ce réfectoire ». Dès 1972, un projet comprenant la restauration du réfectoire et l'aménagement de la place du cloître est élaboré mais faute de subventions, la municipalité n'engage aucune dépense et en 1975 le bâtiment "est dans un tel état de délabrement que si d'importantes réparations ne sont pas effectuées d'urgence, tout l'immeuble risque de s'écrouler". En 1976, la toiture du réfectoire est restaurée et le bâtiment est classé au titre des Monuments Historiques en 1980.
En 1985, une société de tir nouvellement créée, s’installe dans le réfectoire, en attendant la réhabilitation de celui-ci.
En 1991, les travaux débutent et permettent de découvrir deux baies géminées (doublées) et une peinture murale témoignant des soubresauts révolutionnaires (médaillon ovale bleu, portant
l'inscription en lettres dorées : vive le roi, surmontée d'une couronne, sommé d'une fleur de lys et entouré de deux branches de laurier).
Depuis l’été 1994, le réfectoire des moines a une vocation culturelle : salle d’expositions, de conférences et de concerts.
Pierre-François Aleil-Montarnal et Raymonde Gaston, Montsalvy, Une cité de la Châtaigneraie cantalienne, Aurillac, 2005.
Bernard Coste, Le réfectoire des moines de 1789 à 1993, Chronique du Veinazès N°1 - 1994.
Chronique diocésaine - Archéologie - L'église de Montsalvy, Semaine catholique du diocèse de Saint-Flour - mercredi 9 octobre 1895.